Publié le 11 décembre 2023

L’Union des Aéroports Français et Francophones Associés a tenu son congrès 2023 sur le thème «Aéroports en transition»

L’Union des Aéroports Français et Francophones Associés a placé son congrès 2023 sur le thème « Aéroports en transition » avec un fort accent mis sur les différents  modèles économiques et sur les difficultés rencontrées pour réaliser les investissements nécessaires pour assurer la transition énergétique et écologique.

 

Les aéroports français et les territoires qu’ils desservent sont extrêmement variés mais ils sont tous confrontés à des difficultés pour réorienter leurs investissements avec de fortes interrogations sur leurs modèles économiques. 

Il a été rappelé que le trafic en Europe était aujourd’hui mature et que sa croissance au cours de la période 1998/ 2018 n’avait aucune chance de se poursuivre au même rythme au cours des prochaines années. La forte reprise des voyages intra-européens après la crise sanitaire montre que la demande de la clientèle solvable n’est pas corrélée au prix. La demande sur certaines destinations lointaines semble en outre être artificiellement boostée par les passagers qui ont utilisé leurs miles (et donc ne payent pas eux mêmes leurs voyages grâce aux voyages d’affaires payés avant la crise par leurs employeurs).Certains intervenants ont souligné que tous les facteurs semblent pour une modération de la croissance du trafic aérien en Europe avec une asymptote vers 2030. Les projections de trafic des aéroports seront cependant extrêmement variables selon les territoires desservis par les aéroports. L’asymptote sera atteinte plus ou moins vite selon les leviers mobilisés au niveau de l’Union Européenne et/ ou au niveau local pour modérer le trafic. Les analystes financiers invitent à réviser fondamentalement les modèles économiques des aéroports en étant attentifs à rechercher leurs autres leviers de croissance que celle du trafic.

Plusieurs directeurs d’aéroports ont souligné que la rentabilité de l’exploitation n’était pas là et confirmé que le modèle économique actuel des grands aéroports régionaux était en crise, entravant les capacités à réaliser les investissements de transition énergétique et écologique pourtant indispensables.
Ils ont regretté l’absence de vision prospective de l’Etat régulateur qui n’a pas encore modifié son propre logiciel fondé sur la croissance infinie du trafic. 

Dans ses conclusions, le président de l’UAF&FA a développé les quatre points qui ont été au cœur des échanges:
1. La qualité des services rendus ( rappel de la charte signée en 2022/ progrés significatifs avec la Police de l’Air et des Frontières / difficultés des services du contrôle de la navigation aérienne / nouvelles perspectives avec l’aviation générale),
2. Les limites du cadre actuel de la régulation,
3. La fiscalité (manque de visibilité pour les opérateurs) et financement des missions régaliennes,
4. La transition énergétique et écologique (notamment la problématique des carburants produits à partir de la biomasse en regard des enjeux de biodiversité.
Le président de l’UAF&FA a terminé son discours en appelant à accompagner une mutation rapide de l’aviation légère, notamment pour la formation des personnels du secteur de l’aéronautique. 

Le ministre délégué aux transports a répondu en commençant par les questions de qualité de service ( notamment police  aux frontières et contrôle aérien) en valorisant l’augmentation significative des effectifs de ces services prévue d’ici 2027, les investissements prévus dans les systèmes d’information de la direction des services de la navigation aérienne, et le dialogue social au sein de cette direction (loi et nouveau protocole social).
Concernant la régulation économique des aéroports, le ministre a indiqué avoir décidé de rénover le cadre des Contrats de Régulation Économique des aéroports d’Etat ( concédés par l’ETat) et d’ouvrir la possibilité de caisses  aménagées  pour les aéroports qui concluront un CRE.
Il a ensuite posé la transition écologique et énergétique comme une exigence absolue pour le secteur de l’aéronautique.
Concernant le financement des missions régaliennes, il s’est engagé à ouvrir le dossier au 2e semestre 2024, après avoir fini de traiter le cadre réglementaire de la régulation économique.
Le ministre a conclu sur la nécessité de faire plus et mieux en matière de cadre de vie / réduction des nuisances sur et autour des aéroports.
En s’appuyant - sans les citer - sur les travaux de l’Autorité de Régulation des Transports (ART) et sur ceux de l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (ACNUSA), le ministre délégué aux transports engage son administration dans la voie de la transition écologique, énergétique et économiques, en insistant sur les enjeux de sa planification territoriale pour gagner la confiance des territoires et des populations.