Publié le 29 octobre 2024

Edito de Francis Truchetet / Octobre 2024

Durant mon mandat de 6 ans en tant que membre du collège de l’ACNUSA, de nombreux progrès ont été réalisé aussi bien dans l’action de l’Autorité de contrôle que dans celle des autres parties prenantes.

 

La durée de traitement des procédures en manquement s’est nettement réduite, passant de 2 ans à moins d’une année. La prise en compte des enjeux environnementaux par les compagnies aériennes, les aéroports et les pouvoirs publics a progressé grandement, en particulier depuis la crise de Covid-19.

Les outils d’analyse de la direction des services de la navigation aérienne pour traiter ces dossiers sont de plus en plus performants. La conception et modification des trajectoires de départ et d’arrivée prennent mieux en considération les nuisances sonores et les émissions atmosphériques afin de minimiser leurs impacts sur les populations exposées.

L’amélioration des connaissances relatives aux effets du bruit et de la pollution atmosphérique sur la santé permet de cerner davantage l’impact sanitaire des nuisances aéroportuaires, et ainsi, de cibler plus efficacement les points de progrès.

Les études d’impact selon l’approche équilibrée, pouvant aboutir à la définition de restrictions d’exploitation à visée environnementale sur les aéroports, sont de plus en plus nombreuses.

Cependant, comme le rappelait la présidente par intérim de l’Autorité de contrôle Lise Driencourt dans son éditorial du mois dernier, le travail de l’ACNUSA est sérieusement mis en difficulté par le retard pris pour le remplacement de son président et des trois membres du collège qui terminent leur mandat cette année. Cela sera sans doute chose faite prochainement, mais il est regrettable qu’il n’y ait pas eu de transmission des expériences. La pluralité des domaines traités par l’ACNUSA et la spécificité des profils des membres de collège impliquent, pour ces derniers, un temps d’appropriation de thématiques au premier abord éloignées de leur cœur de compétences.

Si la route tracée depuis 2023 par l’industrie aéronautique s’est infléchie sérieusement vers sa décarbonation, elle fait l’objet de critiques et d’opposition croissante du fait de son empreinte environnementale. Elle doit donc maintenant regagner la confiance des citoyens dans sa capacité à concilier les enjeux environnementaux à ses activités.

Le retour de la confiance passe également par des relations apaisées entre les différents acteurs (compagnies aériennes, aéroports, direction générale de l’aviation civile, riverains et leurs associations, pouvoirs publics) avec une meilleure compréhension mutuelle des intérêts de chacun et un dialogue constructif. Les solutions à l’échelon local, quand elles sont possibles, sont souvent plus efficaces et rapides à mettre en œuvre que celles à l’échelon national ou international.

Enfin, un dialogue suivi entre les acteurs de première ligne (pilotes et contrôleurs) est également important pour améliorer l’efficacité des opérations aériennes tant du point de vue de la sécurité que de l’environnement.

Le défi de la décarbonation est colossal pour une industrie si dépendante des énergies fossiles, mais l’aviation a su en relever de nombreux par le passé et il n’est pas à douter qu’elle fera tout pour relever celui-ci.