Publié le 22 novembre 2023

Edito de Nadine Allemand / Novembre 2023

La qualité de l'air dans les grandes métropoles aéroportuaires est un enjeu sanitaire de premier ordre

 

 

L’Union Européenne, par la Loi sur le climat adopté en 2021 et son programme « ajustement à l’objectif 55 » (« fit for 55 ») adopté en avril 2023, rehausse son ambition pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55% en 2030 par rapport à 1990. De nouvelles valeurs guides de concentrations de polluants ont été publiées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 2021. L’Europe est en cours de révision de sa Directive de 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur en Europe (2008/50/CE). Les valeurs limites de concentrations de NO2 et PM2.5 seront notamment abaissées dès 2030 et l’Europe s’alignera sur les valeurs guides OMS en 2035. Cette directive devrait être adoptée en 2024.

Les actions de réduction des émissions sont donc essentielles et doivent être renforcées à toutes les échelles territoriales et par l’ensemble des acteurs concernés émetteurs de ces substances quel que soit le poids du secteur dans les émissions.  Au niveau national, la Loi climat énergie, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) dont la troisième déclinaison est en cours de finalisation, le Plan national de Réduction des Emissions de Polluants Atmosphériques (PREPA) révisé, adopté en décembre 2022, et leurs déclinaisons au niveau des territoires (au travers des Schémas Régionaux d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET), les Plans Climat Air Energie Territorial (PCAET), les Plans de Protection de l’Atmosphère (PPA)), renforcent les besoins  d’actions de réduction aux plateformes aéroportuaires.

Pour la plupart, les grandes plateformes aéroportuaires ont engagé les travaux leurs permettant d’avoir la connaissance des émissions de polluants et de la qualité de l’air sur et autour des plateformes, indispensables à la mise en place d’actons d’atténuation et la prise de décision éclairée. En termes de polluants atmosphériques, les plateformes travaillent de façon générale avec les Associations Agréées Surveillance Qualité de l'Air (AASQA) pour la réalisation des inventaires des émissions et la mesure de la qualité de l’air. Ces résultats sont publiés sur les sites Internet des AASQA. Les plateformes ont engagé des actions de réduction des émissions de GES et polluants sous l’impulsion des textes règlementaires et des plans cités ci-dessus. Ces actions s’inscrivent dans leurs démarches de responsabilité environnementale et de réduction de leur empreinte carbone tant côté piste que côté ville, au travers de la démarche ACA (Airport Carbon Accréditation), de l’équipement en électricité des postes avions au contact et au large des aérogares, de l’électrification des engins et véhicules de piste, de l’amélioration des moyens de chauffage des terminaux, de l’amélioration de l’accès en transports en commun des aérogares, etc. 

L’autorité de contrôle s’inquiète cependant du retard pris dans les investissements par certaines sociétés d’exploitation aéroportuaire pour assurer et rendre réellement efficace l’équipement en électricité des postes avions. Cette situation leur fait courir le risque de ne pas respecter la première échéance du règlement européen sur le déploiement d'une infrastructure pour carburants alternatifs (AFIR). L’Autorité formule régulièrement des recommandations. Elle publie des guides (2019 et 2020 pour aider les opérateurs à réduire l’impact des émissions aéroportuaires sur la qualité de l’air. Dans un avis récent rendu sur le projet de PPA de l’Ile de France, l’Autorité a recommandé que des actions complémentaires à celles envisagées, visant à ce que les émissions ciblées « avions » concernant le cycle LTO (Landing and Take-Off ou phases de roulage, d’approche de décollage et de montée) soient intégrées dans le PPA. Ces postes représentent la source majoritaire des émissions de NOx essentiellement au décollage et à la montée, de COVnm principalement lors du roulage, et des PM10 et PM2,5 par abrasion des pneus des aéronefs.

La mise à disposition des données d’inventaires et de qualité de l’air, de réduction des émissions de polluants et de GES est indispensable pour assurer la confiance des riverains et participer à l’ambition renforcée de l’Europe et de la France. Tous les acteurs sont concernés, dont ceux au plus près des territoires comme les gestionnaires de plateforme, les compagnies aériennes et les assistants d’escales. Il est essentiel que chacun fasse valoir ses engagements de réduction des émissions de polluants et de GES et ses résultats. Il s’agit d’assurer à la transition écologique du secteur.


Nadine Allemand, membre du collège, nommée par  le conseil des ministres du 12 septembre 2018